vendredi 3 avril 2009

Les Bourbines et l'Histoire suisse


Ouais, au premier abord, c'était mission impossible. Et, pourtant, fallait bien une fois empoigner le taureau par les cornes, et quel bovidé... Sans revendiquer un quelconque côté kamikaze, le challenge titillait depuis belle lurette. Aller taquiner les casques à boulons au lieu du goujon, ça s'apparente à de l'audace, voire à de la vanité, c'est presque David contre Goliath. Un bataillon de Welches contre une légion de Bourbines. Un rapport de force qui n'a évidemment jamais plaidé en faveur de la Romandie et rien n'a changé depuis, bien au contraire.

Le mardi 1er août 1291, à 12h30 au clepsydre d'Altdorf, donc en plein apéro, trois compères bien sous tous rapports, Arnold de Melchtal, Walter Fürst et Werner Stauffacher, éclusent un gorgeon dans leur estaminet préféré. Après moult pintes, Arnold, quelque peu anaphylactique à la cervoise, commençe à prendre des couleurs et à manifester une certaine excitation, au demeurant fort compréhensible. En effet, l'arrogance et l'insolence des baillis autrichiens lui donnent la migraine depuis fort longtemps et il n'arrive plus à contenir son indignation et sa colère. Soudain, il sort de sa réserve légendaire et tonitrue: camarades, nous devons nous affranchir du joug étranger, nous voulons retrouver la liberté. Ses deux acolytes tout aussi émoustillés acquiescent avec enthousiasme et, partant, ils conviennent de se réunir secrètement avec chacun dix coreligionnaires sur la prairie du Grütli. Ainsi, à la nuit tombée, les 33 complices décident de sceller un pacte pour libérer les trois vallées d'Uri, Schwytz et d'Unterwald et de vivre ou mourir en hommes indépendants.

Avec le recul nécessaire, on ne peut que s'incliner devant une philosophie aussi lumineuse qui n'a pas pris une seule ride jusqu'à ce jour: faire le ménage, traquer les parasites, écraser les mites: en résumé, éradiquer les corps étrangers, pardon les colonisateurs. Une résolution très simple, mais en fait des plus gonflées. A l'époque, avoir l'outrecuidance de s'attaquer aux Habsbourg conduisait tout droit au cachot ou le plus souvent à l'échafaud. Malgré cela, nos valeureux ancêtres ont su prendre leurs responsabilités. Ni Wilhelm Tell, ni Winkelried ne pourront nous contredire. L'arbalète et la hallebarde. Deux symboles très forts, honteusement négligés et ignorés par les notables de l'époque et les générations futures. Mais n'oublions pas pour autant: si nous avons aujourd'hui du chocolat, de l'Emmental, des Swatch, quatre langues nationales, une monnaie unique au monde, un nouveau président chaque année et quelques banques grabataires et moribondes, c'est bien grâce à eux. Merci les Waldstätten. Vous nous avez rendu des services précieux et inestimables. Les bouquins d'histoire ne vous oublieront jamais. L'UDC non plus.

Et pourtant, plus de sept siècles après, force est de constater que les Romands et les Tessinois n'ont peut-être pas réalisé la meilleure des opérations. Bon, ils ont tout de même attendu quelques centaines d'années avant de faire le pas en direction des Stobirnes. 1803 pour les Topios et les Maffiosi et une dizaine d'années plus tard pour les autres. Ah, j'allais oublier les professionnels de la damassine qui fêtent cette année leur trois décennies de souveraineté. Au passage, on ne manquera pas de lever un pichet à leur santé. Quant aux Dzodzets, c'était déjà en 1481, mais vu leur penchant prononcé pour fondue moitié-moitié et le Swchiizertüütsch, on comprend plus facilement ce choix anticipé.

Revenons à notre Sarine, à nos sardines et même à nos brebis, galeuses ou pas. Jusqu'à la fin du 18e siècle, l'Helvétie comptait treize sociétaires, tous d'obédience teutonne. Donc un groupe homogène qui aurait, logiquement, dû s'entendre comme larrons en foire. On supposait que tel était le cas. Eh bien, on avait tout faux.

Le jeudi 22 mars 1798, à 11h15, (juste avant l'apéro), les révolutionnaires français transforment la Suisse "une et indivisible" en une "République helvétique" calquée sur la "Grande nation" française. Plus de Confédération, plus de cantons, plus de caquelon, plus de flacon, plus de valeurs ancestrales traditionnelles, plus rien. Ainsi, au siècle des Lumières, notre pays devient une contrée de... contrastes. Ainsi se succèdent inévitablement complots, machinations, insurrections, villes contre campagnes, protestants contre catholiques, pauvres contre riches, (ce n'était pas nouveau et cela n'a guère évolué), crève-la-faim contre patriciens, en fait tous les ingrédients d'un cocktail explosif qu'il a fallu rapidement neutraliser. La gabegie et l'anarchie chez les Bourbines. Incroyable mais vrai. Autres temps, autres mœurs. Et voici que le Premier Consul Napoléon Bonaparte se pointe avec son bicorne et son cheval blanc car il en a sérieusement marre des incartades et extravagances répétées de ses voisins.

Le samedi 19 février 1803, à 13h30(juste après l'apéro), il signe l'Acte de Médiation qui rétablit la Confédération suisse. A cette occasion, il intègre six nouveaux alliés et sujets, portant ainsi le nombre des cantons à 19. Et, outre quatre suisse allemands, on enregistre l'arrivée du premier véritable romand, Vaud, et du Tessin. Le début d'une nouvelle ère. Après la pagaille semée par les Totos, l'Helvétie retrouve un peu de calme. D'autres contrées francophones vont bientôt rejoindre le consortium pour le plus grand bien de la nation. Tout va bien dans le meilleur des mondes. On sirote du chasselas et du pinot noir, on gueuletonne autour d'un modzon à la broche en regardant les étoiles et en évoquant l'éternité: on voit enfin la vie en rose. Et pourtant les antagonismes ne vont pas manquer de provoquer des hostilités de plus en plus fréquentes pour déboucher sur la Guerre du Sonderbund. Un amalgame de religion, de politique, de prolétaires, de nantis, de Bourbines et de Welches, ces derniers faisant très pâle figure avec comme uniques plénipotentiaires les bergers du Chablais et les armaillis de la Gruyère. Tous les acteurs de cette grotesque farce s'entre-déchirent à qui mieux mieux en novembre 1847, jusqu'à ce que le général Guillaume-Henri Dufour réussisse à mâter les insurgés catholiques l'année suivante, date de la première Constitution fédérale. La plus ancienne démocratie du monde venait de voir le jour.

Mais, paradoxalement, c'est le début des désillusions, le début de la fin. La mainmise totale des Schleus de ce côté-ci de la Sarine était déjà programmée. En s'acoquinant avec les casque à boulons on courrait droit à la faillite. Deux langues dissemblables, deux cultures opposées, deux mentalités divergentes, deux mondes hétérogènes et, pour couronner le tout, une barrière de röstis. Tous les ingrédients d'un assaisonnement contre nature ont été réunis, sans penser que les futures agapes réuniraient des communautés disparates qui n'auraient jamais dû être regroupées et seraient donc contraintes de tremper leur fourchette respective dans le même caquelon. Heureusement le bon sens et la sagesse légendaires des Helvètes ont su s'imposer au fil des ans et créer un consensus par-dessus la"frontière" naturelle de la Confédération.

Et les temps modernes sont arrivés avec leurs lots d'intrigues et d'embrouilles dignes de l'époque. Les Bourbines ne se sont jamais privés de faire étalage de leur... quantité du moment qu'ils n'ont pas la qualité. Compenser la médiocrité par la force. Opposer des notions germaniques à des concepts latins. Dicter la loi au lieu de consulter les autres. Pour preuves, l'appropriation de nombreux postes clés au sein de l'administration fédérale, sans oublier toutes les votations fédérales qui ont mis souvent en exergue le clivage entre les deux régions linguistiques du pays. Les Ja-Sager et les Nein-Sager. Les bien-pensants et les mal-pensants. Les réformateurs et les conservateurs.

Bon sang, Romands, réveillez-vous ! Secouez-vous ! Affutez les baïonnettes, sortez les canons et montez aux barricades ! Ne restez plus sous le joug teuton et à la merci de toutes leurs prises de position arbitraires ! Un million de Welches c'est cinq fois plus que Monaco, Andorre, St-Marin et le Liechtenstein réunis. Donc bien assez pour s'affranchir de la Berne fédérale et créer un gouvernement souverain et indépendant vivant en autarcie totale grâce à .... la roulette, au bandit manchot et au black jack! Le Rocher d'Albert le Vert vous rappelle quelque chose ?

Une idée qui peut paraître saugrenue, farfelue, voire utopique. Et pourtant, il y a fort à parier qu'elle séduirait plus d'un quidam. En 1978, lorsque le canton du Jura a vu le jour suite à un plébiscite du peuple, d'aucuns se gaussaient d'avance en ne lui donnant que de maigres chances de survie: manque d'infrastructures, économie à la traîne, industrie peu développée et tutti quanti. Trois décennies plus tard, sa situation est tout aussi favorable et prospère que celle de la plupart de ses congénères. Et tout cela sans petits ni gros casinos. Moralité: quand on veut on peut et la fin justifie toujours les moyens. La proclamation de la Romandie en tant qu'entité autonome serait finalement un formidable défi à relever, une réponse cinglante au dédain et à l'arrogance des Suisses allemands, auxquels nous céderions volontiers les germanophones valaisans et fribourgeois. Resterait juste à gommer au préalable et surtout après coup les divergences et autres discordances récurrentes au sein des cantons romands. Et c'est là que le bât blesse et qu'il continuera malheureusement de causer encore longtemps des dommages et des préjudices au nom de la souveraineté cantonale.

Mais demain est un autre jour...

mardi 31 mars 2009

Le pape et la capote



Il fallait le faire. Il l'a fait. Se foutre en pétard avec la terre entière après trois ans de règne prudent et pondéré sur la Curie. Pour une capote, un condom quoi. En fait, il s'agit ni plus ni moins d'une incursion arrogante et insolente chez les défenseurs de la pérennité de la race humaine, alors qu'un esprit conciliateur et surtout une retenue de rigueur s'imposaient à plus d'un titre. Une simple incurie ou une volonté manifeste de nettoyer les écuries, à l'instar de celles d'Augias à une autre époque ? On se perd en conjectures. Par quel diptère a-t-il été piqué ? Comment s'est-il fourré dans un tel guêpier ? Le messie de l'ère moderne, le rédempteur des âmes égarées, le théologien à la science quasi infuse, s'est totalement fourvoyé. Une bourde monumentale, que dis-je, kolossal !!! Le teuton a pété un plomb. Le 17 mars, avant de poser ses traditionnels escarpins de cuir rouge sur le sol africain, il a affirmé haut et fort que le fléau du sida ne pourra pas être réglé par la distribution de préservatifs et qu'une telle mesure ne fera qu'aggraver le problème. Pour lui, la solution est très simple: un réveil spirituel et humain ainsi que l'amitié pour les souffrants.

Vous avez ouvert les yeux tout grands ? Vous avez bien lu ? Vous avez réussi à décrypter les subtilités de la sagesse papale ? On fait un effort pour écarquiller les quinquets et surtout on essaie de reprendre ses esprits. Un individu, et pas n'importe lequel, sensé avoir une intelligence et une clairvoyance supérieures au commun des mortels se permet de débiter des inepties dignes d'un charlatan d'arrière-boutique. Sans être absolument accro des afro, il me semble que la notion de bienséance et de savoir-vivre a été superbement ignorée, voire méchamment bafouée. Quant aux retombées diplomatiques, politiques et surtout humanitaires, elles vont naturellement faire de nombreuses vagues. Le pape, lui, n'en a visiblement rien à branler, c'est le cas de dire. Compte tenu de son âge, on n'en doute pas un seul instant.

Et, pour enfoncer le clou, ne voilà t-il pas, à peine débarqué à Yaoundé, qu'il réclame la gratuité des soins pour les malades du sida. Le cordonnier mal chaussé ? L'arroseur arrosé ? Le sommet de l'hypocrisie, rien d'autre. Apparemment, malgré son érudition, le proverbe "mieux vaut prévenir que guérir" n'a jamais figuré dans ses priorités ou lui est tout simplement inconnu. Moult gouvernements, organisations et personnalités politiques n'ont pas manqué de fustiger de tels propos considérés comme révoltants et balancés dans un contexte des plus explosifs. Une bombe à retardement qui ne fera, au plus, qu'égratigner très superficiellement le Vatican habitué aux scandales à répétition depuis la nuit des temps.

Le cardinal Joseph Aloïs Ratzinger était, soi-disant, un théologien pur et dur, mais progressiste. Le 265e pape, en l'occurrence Benoît XVI, est, à coup sûr, un rétrograde, un conservateur, un réactionnaire. Qui oserait affirmer le contraire à part certaines de ses ouailles ? On le savait fervent gardien de la foi, dogmatique en d'évidentes circonstances, quelque peu pourfendeur des autres religions. C'était le "Panzerkardinal" comme l'ont affectueusement surnommé des médias irrités par sa rigueur et son intransigeance. Lorsque la fumée blanche est sortie de la Chapelle Sixtine, le mardi 19 avril 2005 à 17h54, la terre entière, hormis quelques athées, païens et autres mécréants, espérait assister à l'éclosion d'une nouvelle lignée de souverains pontifes, ouverte aux innovations et réceptive aux aspirations du monde moderne. On s'est fourré le doigt dans l'œil jusqu'à l'omoplate, et même bien plus loin.

Un début de règne affable, réservé, discret, en finalité presque trop parfait pour être honnête serait-on tenté de dire. Par respect au boss de l'Église catholique on aurait voulu éviter de le mettre dans ses petits souliers, rouges évidemment. Et pourtant il le mérite à plus d'un titre. Sa rhétorique de haut vol n'a servi qu'à jeter de l'huile sur le feu. Pourquoi remettre une nouvelle bûche sur le brasier africain, pourquoi attiser les rancœurs et frustrations de tout un continent ? Au nom de Dieu ! Eh oui, c'est, de notoriété publique, bien lui qui a envoyé sur terre son rejeton J.-C., décédé dans des circonstances dramatiques il y a 20 siècles déjà, après avoir présidé à la naissance officielle d'un nouveau culte. Culte de la tiare et de la soutane. Culte des papes et des sous-papes. On connait la suite avec les innombrables et endémiques guerres de religion, les croisades, l'Inquisition et certainement encore beaucoup d'autres absurdités et aberrations, jusqu'à la récente réhabilitation d'un évêque intégriste négationniste. En bref, le christianisme est à l'origine de dommages considérables tous azimuts et il ne va certainement pas s'arrêter en si bon chemin. A l'heure actuelle il persiste et signe. Navrant, affligeant, désolant.

Bon. La critique est aisée et l'art est difficile. Avec sa fameuse locution proverbiale, Philippe Néricault Destouches avait marqué la pensée de ses contemporains et, plus de trois cents ans après, également la nôtre. Au risque de se répéter, les attaques gratuites ou fondées contre le Saint-Siège se doivent de rester dans des limites décentes, ne serait-ce que par égard à ses représentants loyaux et sincères, même s'ils n'incarnent certainement qu'une maigre fraction de la congrégation. Et tous les autres, me direz-vous? Doit-on les classer dans la catégorie des vicieux, des libertins, des dépravés, voire des pervers ou bien faut-il encore leur accorder la présomption d'innocence ? On hésite, d'autant plus que l'immunité totale qui a prévalu jusqu'à ces dernières années au sein de l'église catholique ne parle pas en faveur des porteurs de chasubles. Bien au contraire.

Le culte excessif du secret et la volonté doctrinaire de tout dissimuler ont toujours été les deux mamelles du catholicisme. Lorsqu'on apprend que chaque évêque nommé cardinal doit promettre au pape de ne rien dévoiler sur tout ce qui pourrait nuire à l'Eglise, on saisit mieux les tenants et aboutissants de la question. Un curé qui a défroqué après une décennie de bons et loyaux services pour devenir psychiatre a officiellement déclaré que le fait de réassigner un prêtre pédophile dans une paroisse revient à vouloir soigner un alcoolique en lui offrant un job de barman. La comparaison se passe de tout commentaire.

Moralité: au lieu de condamner publiquement l'utilité universellement reconnue du condom, le dirigeant du plus petit état souverain du monde aurait mieux fait, tout d'abord, de balayer devant sa porte, puis de procéder au toilettage de ses cerbères et, enfin, d'entreprendre le décapage de tout son bercail. Un vaste programme qui fait sourire ou rêver, c'est au choix. Benoît Sixtine n'étant visiblement plus concerné, son successeur est d'ores et déjà attendu au coin du bois. Et il y a fort à parier que, après deux infidélités successives, les séides et autres zélateurs de la Botte mettront tout en œuvre pour qu'un Rital remonte sur le trône.

Mais demain est un autre jour...

samedi 28 mars 2009

Du pain et des jeux



Avec le temps on digère tout et même plus. Après la campagne des CFF contre les autochtones de la Vallée du Rhône, une pilule de plus à avaler: la défaite de Gotéron chez les Grisons (dans le dico le grison est l'autre nom de l'âne, si si c'est vrai...) et une nouvelle fois à la 59e et des poussières, comme le match précédent. On leur souhaite malgré tout bonne chance aux Davosiens car défier les Aviateurs risque bien de s'apparenter à un atterrissage en piqué, donc sur le nez...

Du moment qu'on griffe la glace, un petit détour chez les pensionnaires de la ligue inférieure s'impose. Les Lions de Malley ont finalement gobé les Abeilles des Mélèzes. Incroyable mais vrai. Quel supporter et autre aficionado aurait osé parier sur un tel dénouement, sur une victoire finale des félidés, alors que les hyménoptères survolaient les débats depuis le début de la saison? Comme quoi dans la vie faut toujours y croire jusqu'au bout, se battre en permanence, jamais se résigner et encore moins abandonner. Levalesco en connaît un chapitre... et même plusieurs. Reste juste à espérer qu'ils iront au bout de leur rêve dans le round final face aux Seelandais

On le sait depuis belle lurette: le sport a toujours été et reste l'opium du peuple. Il l'hypnotise, l'anesthésie le temps d'un match, d'un tournoi, d'une compétition et le fait planer au-dessus de toute réalité. Le "retour sur terre" n'en est que plus brutal, à plus forte raison si la défaite l'accompagne.

Depuis quelques temps, les jours se suivent et s'assombrissent, donc se ressemblent. Des nuages de plus en plus noirs s'amoncèlent et nous annoncent un prochain déluge. Et les médias en profitent pour remettre sans cesse une (grosse) couche en nous arrosant d'articles pessimistes, en nous inondant de dépêches alarmantes, en nous submergeant de nouvelles apocalyptiques. Le commun des mortels complètement à côté de ses pompes ne sait plus à quoi se raccrocher. A part le sport, au titre de se répéter, plus d'antidote, plus de dérivatif et encore moins d'exutoire.

En fait, la recette pour lui remonter le moral, lui redonner confiance et le remettre sur les bons rails est simple: DU PAIN ET DES JEUX ! Le fameux PANEM ET CIRCENSES des Romains. Eh oui, il y a déjà plus de deux millénaires, le peuple demandait à Jules-César de la pitance et du cirque, pour oublier un quotidien qui n'était certainement pas meilleur que le nôtre. Se sustenter et s'amuser. Un besoin somme toute naturel et légitime. Entre deux bacchanales, une petite sortie pour aller se mettre sous la pupille quelques rétiaires, lions (pas ceux de Malley) et autres chrétiens cordialement "invités" aux festivités. A la différence qu'on ne pouvait pas tricher et leurrer le "consommateur". On levait le pouce ou on l'abaissait: "Ave Caesar morituri te salutant". Maintenant il frétille encore mais sur la télécommande: "Salut Couchepin ceux qui vont trinquer te remercient". Finalement on n'a pas évolué d'un... pouce. Pour preuve: des courses de chars au tiercé, des orgies au botellon, des esclaves aux clandestins, des ergastules à Guantanamo et, last but not least, des édiles d'alors aux débiles d'aujourd'hui, rien n'a changé; l'homme n'a jamais su se défaire de son inclination naturelle à la cupidité et au pouvoir. Il n'a pas voulu retenir les leçons de l'Histoire. Vingt siècles qui débouchent sur un nouveau déclin prévisible, voire inéluctable, à moins que...

A moins que le genre humain se hâte de retrouver les principes de base et les valeurs essentielles en effectuant un retour aux sources. D'aucuns vont maugréer et me qualifier de pessimiste et de défaitiste. Ils n'ont certainement pas tout tort, mais est-il encore nécessaire de montrer que, avant de passer au rouge, les clignotants étaient en stand-by à l'orange depuis une bonne décennie. Tous les responsables de cette énorme gabegie ont fermé les yeux et surtout leur gueule, que ce soit à l'échelon financier, économique, politique et, plus grave, climatique. Ils ont préféré jouer à l'autruche, donc se mettre la tête dans le sable. Grave erreur et surtout grosse conséquence: lorsqu'on se penche en avant pour ne rien voir de chaque côté et encore moins devant et en dessus, on a le baba qui est fortement exposé et qui finit immanquablement par prendre un sale coup.

OK, ce n'est pas encore le jugement final ou du moins il n'est toujours pas annoncé. Mais il faut avoir le courage de redresser la tête et de regarder les choses en face. A situation catastrophique, mesures exceptionnelles. En fait, suffiront-elles, permettront-elles de surmonter la crise ou bien ne seront-elles que les prémices d'une future débâcle générale ? Aucune civilisation antique, aussi raffinée et brillante fut-elle, n'a survécu. La nôtre, soit-disant moderne, n'échappera pas à cette finalité. Reste à savoir quand. Dans 50, 100, 500 ans ou plus? Qu'importe. Le terme, déjà fixé, n'est heureusement pas connu. Donc rien ne sert de baisser les bras et de se laisser aller. Bien au contraire. Les générations précédentes nous ont concocté un menu de choix et nous l'ont offert sur un plateau. A nous d'assurer le même couvert aux suivants et, si possible, avec tous les ingrédients appropriés.

Le pain est une chose, les jeux une autre. Se divertir c'est bien, bouffer c'est mieux. Quand l'estomac est repu la perception du monde est totalement différente. Les crève-la-faim de toujours ne viendront pas me contredire. Goulags, Auschwitz, Biafra, Darfour, pour ne citer que les plus "classiques", n'infléchiront pas la destinée humaine. En somme, une régulation naturelle et inévitable de la population terrestre? La question est posée et reste ouverte. Autrefois, la peste donnait quelques coups de main et surtout beaucoup de boulot aux croque-morts. Aujourd'hui le syndrome de l'immuno-déficience acquise est notamment en train de prendre le relais. Signe des temps ? Nécessité démographique ? Finalité banale? Toute prévision serait hasardeuse et imprudente.

Et pourtant la réalité nous saute à la truffe. Des nations entières vont boire le calice jusqu'à la lie. On peut s'apitoyer sur leur sort, mais à quoi bon en fin de compte. Bientôt sept milliards d'âmes crapahutant sur une planète de plus en plus invivable, saturée de détritus, au bord de l'asphyxie. Les épidémies et guerres d'antan ont contribué à un toilettage de circonstance. Un scénario identique serait-il suffisant à l'heure actuelle ? Permettrait-il de remettre les pendules à l'heure ? On peut en douter, même très fortement. Une chose reste néanmoins sûre: du pain et des jeux c'est du passé, c'est définitivement aux oubliettes. Pour les jeux du moins, quant au pain... Mais demain est un autre jour...

mardi 24 mars 2009

Ecône, des cônes, déconne....


La consonance est aisée, l'euphonie presque simpliste. Et pourtant. Même si tout semble baigner dans le Rhône chez les habitants du Vieux Pays, la réalité ne rejoint pas nécessairement la ... fiction. On a toujours affirmé que les Valaisans étaient des gens modestes, humbles, naturels, décontractés, comme vous et moi en somme. De la foutaise ! Ce sont des rustres, des sauvages. Rien de moins que ça. L'AOC a été décernée par les CFF dans sa dernière campagne de pub, une institution suisse à l'époque au-dessus de tout soupçon et maintenant en dessous de la ceinture. Des incultes, des ignares, des analphabètes, que dis-je, des barbares, des vandales les descendants de Schiner, Stockalper et Supersaxo ?

On ne va pas y aller par quatre chemins: la récente "trouvaille" de la Régie fédérale est aussi malséante et incongrue qu'une ouaille d'Ecône en train de faire ses ablutions en tenue d'Adam sur un minaret d'Islamabad. Et c'est peu dire... Pour rivaliser l'humour d'Outre-Sarine une petite parenthèse s'impose. CFF en français, SBB en boche: le suisse allemand disait "Ca Fa Fite"et son congénère tout aussi ... con lui générait une réponse tout aussi débile "Sé Ba Bossible". Plus bourbine, tu meures...

La Noble Contrée est donc très remontée et on la comprend . Les médias, les boss du tourisme, le peuple à l'unisson et même les politicards. Tous ? Non car s'était sans compter sur l'incontournable Oskar! L'Ötzi émigré, le Dalaï Lama des Alpes valaisannes a une fois de plus ramené sa grande queue, pardon gueule sur un sujet vachement (a-t-il pensé à la race d'Hérens?) sensible, en affirmant qu'il "revendique pleinement son côté primitif". On n'a aucune peine à le croire. L'UDC dans toute sa splendeur. S'il désire passer pour l'Attila des temps modernes c'est son droit le plus strict. Mais évidemment à ses risques et périls car sa bicoque a déjà eu la visite des pompiers à l'époque et un nouveau coup de lance pourrait bien venir lui rafraichir la mémoire.

Et, dans toute cette histoire, pour n'en citer que deux, les meilleurs en fait, Christian d'Octodure et son valet (j'allais dire valais) qui valait encore quelque chose il y a quelque temps, donc Pascal le voisin, on en fait quoi ? Pas un mot, aucune déclaration, le silence total. Pourtant on était habitué à autre chose chez les deux exaltés du Bas. Faut-il dès lors les ignorer, les oublier, les reléguer (ou là là le FC Sitten...) ou alors les vouer aux gémonies ? Question cruciale, existentielle même qui suscite l'embarras du choix, à plus forte raison que le FC CC est dans la mouise jusqu'au cou et que le pensionnaire encore provisoire de la Coupole fédérale aussi (comme Félicie...).

Vu les innombrables "services" rendus à la patrie, on fera preuve de mansuétude et de magnanimité. Mais bon, pester contre les arbitres, maugréer contre les toubibs, râler contre tout ce qui bouge à l'envers du vrai bon sens, tout sauf contre les... CFF ! Inconcevable, incompréhensible. De quoi en rester baba. Même Ali est d'accord. On attendait un coup d'éclat, une réaction virulente, le dynamitage du Lötschberg et même un missile de croisière sur la Régie. Rien de tout cela, pour l'instant du moins. Quoique... Les manigances sont certainement déjà en route et la contre-attaque sur le point d'être lancée. L'Ahmadinejad et le Kim Jong-Il de la Romandie vont-ils nous gratifier d'un pétard de carnaval, d'un cocktail Molotov ou d'une bombe atomique ? Qu'importe, tous les ingrédients d'un dénouement explosif étant réunis, il ne nous reste plus qu'à nous rendre rapidement aux abris afin d'anticiper le déclenchement des sirènes.

Merci qui ? Les CFF, Oskar, Christian, Pascal et tous les autres anonymes ou pas. Et pour paraphraser Tintin d'Octodure: un con qui marche ira toujours plus loin qu'un intellectuel assis... Du moment qu'on navigue au bord du Rhône, on remonte un bout chez nos voisins du Haut, en fait chez les spécialistes de la contrepèterie: faut pas confondre un vin qui monte au cerveau et un veau qui monte au Cervin...

Tout un sujet à creuser... en profondeur. Mais demain est un autre jour...

dimanche 22 mars 2009

Un mars et ça repart

Après l'envoi d'un premier ballon d'essai gonflé d'élucubrations, le bloggeur du siècle remet la compresse. Plus motivé que jamais, avec un fourmillement d'idées et de projets en tous genres. Donc ça va secouer sec et jaser dur dans les chaumières. D'abord la vague suivi du ressac, puis la déferlante et enfin le tsunami. Ainsi, il y en aura pour tous les goûts, du plus insipide au plus corsé, du plus banal au plus exceptionnel, du plus maussade au plus cocasse, en fait du relent le plus écœurant à la saveur la plus exquise. Tout le monde sera servi sur un plateau, reste juste à choisir le plus alléchant et appétissant.

En fait, déconner c'est très facile, mais pas sur n'importe quoi et n'importe comment. Un minimum de tenue, de distinction et d'élégance va de soi, quoique... Certains sujets méritent plus une rafale de Kalachnikov qu'un bouquet de roses et le bon grain devra naturellement être séparé de l'ivraie.

Un bon plateau à préparer ? La gastronomie étant un sujet inépuisable, un choix s'imposait d'emblée et, avant de franchir la Sarine et d'aller chatouiller les papilles des casques à boulons, voilà-t-il pas qu'il est tombé sur le.... papet vaudois, une recette bien de chez nous que la terre entière nous envie.

Les descendants du Major Davel en ont fait une véritable institution le portant même au panthéon de l'art culinaire. Une cuisine raffinée, un mets succulent, un repas divin. Quoi de meilleur qu'un mélange subtil d'ingrédients nobles et savoureux. Du porreau, des patates, quelques gorgeons de blanc, un peu de crème, un soupçon de vinaigre de vin, une giclée d'huile d'olive, une pincée de condiments et le principal.... une saucisse aux choux par tête de pipe, cela va de soi. Ah le parfum, ah la fragrance, ah le fumet qui nous enivrent pendant la cuisson, qui nous font perdre tous les sens et nous les font retrouver lorsque l'assiette est enfin sous le nez. Un plaisir incomparable, une délectation inégalable. Et si le monde entier en est malade de jalousie, les Vaudois et leurs congénères ne s'en portent que mieux.

On attend déjà avec impatience la saison propice pour se délecter et se régaler à nouveau. Mais demain est un autre jour...

jeudi 19 mars 2009

Un pour tous, tous pour moi

Bonjour tout le monde !!

Parmi les millions de blogs qui circulent sur le Net, le vrai, l'unique, l'exclusif, l'inégalable, que dis-je, l'exceptionnel vient de débarquer. Il a même accosté le jour de la St-Joseph, prémonitoire ou bien ? A l'époque, c'était l'annonce à Marie. Maintenant c'est à la mairie. En fait, 2000 ans et des poussières après, l'humanité n'a guère évolué, mis à part l'extraordinaire essor technologique (bombe atomique, informatique, TV numérique, profits mirifiques, dégringolades catastrophiques, et j'en passe). Malgré quelques garde-fous instaurés depuis lors afin de combattre les excès en tous genres de l'être humain, ce dernier n'a toujours rien compris. Au contraire, il persiste et signe: pouvoir et cupidité. Deux mots qui résument parfaitement le délabrement et la déliquescence de notre monde "moderne" aux abois et peut-être en fin de parcours. Tous les clignotants sont au rouge depuis l'année dernière. Après le trou d'ozone, des trous partout: banques, assurances, multinationales, pour ne citer qu'elles, et les retombées du séisme planétaire sont encore incommensurables. Tout ce gigantesque gâchis "grâce" à une poignée de spéculateurs, boursicoteurs, affairistes et autres drogués du pognon qui s'en sont mis plein les poches pour, finalement, mettre l'économie mondiale à genoux et même à plat ventre. Mondialisation, globalisation, récession, inflation, restructuration, délocalisation, tous les ingrédients rêvés pour apprêter un cocktail explosif au niveau de l'emploi. Et nul besoin de préciser que l'actuelle et grandissante horde de chômeurs n'a certainement plus grand-chose à espérer dans un avenir qui s'annonce des plus sombres. Selon les "spécialistes", le creux de la vague n'est pas encore atteint, loin de là. Creux qui avait déjà permis à Moïse de "délocaliser" ses semblables au temps de Joseph, mais évidemment pour d'autres raisons. Sans plonger dans la sinistrose, il faut bien admettre que, à l'instar de l'Empire romain, notre civilisation a connu son apogée et s'achemine inéluctablement vers son déclin et sa décadence, ceci d'autant plus si elle ne tire pas impérativement et durablement les leçons du cataclysme qui nous touche de plein fouet. Malgré toutes ces perspectives apocalyptiques, il faut garder confiance, il faut faire preuve d'optimisme car si l'homme a beaucoup reculé c'est, espérons-le, pour prendre un nouvel élan et mieux franchir les innombrables obstacles qui l'attendent. La déraison et la mégalomanie devront tôt ou tard laisser la place au bon sens et à la sagesse. En fait, un retour indispensable aux valeurs fondamentales de l'existence en adoptant un nouveau mode de vie basé sur la modération, la simplicité, le partage équitable des ressources et surtout l'application sans faille du droit et de la justice. On peut y croire, on peut être utopiste, mais sans oublier que... demain est un autre jour!